Rester assis tue : les risques de la sédentarité sur la santé

Rester assis tue, les risques de la sédentarité sur la santé
La sédentarité tue. Voilà le constat dressé par les médecins et chercheurs. Ce constat alarme malheureusement trop peu de personnes largement impactées par le vice du 21ème siècle. Si les travailleurs semblent être les plus touchés, il ne faut pas omettre les incidences sur les enfants et adolescents. Au final, nous sommes tous plus ou moins concernés par ce fléau. Une étude réalisée auprès de 35.000 Français a montré que les jours de travail, nous passons en moyenne 4,17 heures assis au bureau, 1,10 heure assis dans les transports, 2,19 heures assis pour nos loisirs, 1,53 heure assis ou affalés à regarder la télé, 2,19 heures assis, affalés ou couchés devant d'autres écrans et 0,97 heure devant autre chose qu'un écran. En fin de compte, cela représente pas moins de 12 heures durant lesquelles le corps est inactif, sans compter les heures de sommeil. Et ces chiffres risquent d'avoir sensiblement augmenté avec le confinement où le télétravail a pris une place centrale. Non seulement la position assise prolongée peut avoir des répercussions négatives sur la posture et engendrer des troubles musculosquelettiques, dits TMS, mais elle peut aussi être un facteur de risque indépendant de diverses pathologies.

Sédentarité et risques pour la santé

Avant tout, il faut distinguer le manque d’activité physique et la sédentarité. On peut être inactif physiquement et sédentaire (comportement le plus à risque), mais on peut tout aussi bien être à la fois actif physiquement et sédentaire. C’est le cas fréquent des travailleurs qui passent des heures assis dans la journée et qui vont faire une heure de course à pied ou de musculation pour compenser. Mais la mauvaise nouvelle est que l’activité physique ne compense pas (totalement) la sédentarité. La sédentarité en elle-même est un facteur de risque. Il faut donc à la fois lutter contre l’inactivité physique mais également limiter au maximum le temps passé immobile, assis, couché, pendant la journée.

Depuis les travaux du Docteur Jeremy Morris dans les années 1950, on connaît la relation entre position assise prolongée et maladies cardio-vasculaires. On sait aujourd’hui que la position assise prolongée est un facteur de risque de surpoids et de diabète de type 2En effet, plus nous restons assis, plus nous mangeons ! « La sédentarité et les tâches cognitives qui lui sont associées, comme le travail intellectuel ou regarder la télévision augmentent notre prise alimentaire », met en garde David Thivel, maître de conférence à l'Université Clermont-Auvergne, spécialiste de la physiologie de l'exercice et de la nutrition. De plus, notre corps, lorsqu'il est sédentaire, n'élimine pas mais accumule. « Lorsque vous êtes assis, les nombreux muscles des cuisses et des mollets sont totalement inactifs, explique Martine Duclos, présidente du conseil scientifique de l'Onaps (Observatoire national de l'activité physique et de la sédentarité), professeur des universités et praticien hospitalier au service de médecine du sport du CHU de Clermont-Ferrand. Conséquence, tous les nutriments vont dans la graisse ; de plus, faute de pression suffisante au niveau des artères des membres inférieurs, les artères ne sont pas assez stimulées. ». La graisse va se transformer en graisse viscérale, située entre les muscles et les organes abdominaux, à l'origine de l'obésité abdominale. Cette graisse est très inflammatoire et produit des hormones qui favorisent notamment le diabète de type 2 et le surpoids.

La position assise prolongée est également un facteur de risque d’anxiété, de dépression, de maladies cardio-vasculaires, de certains cancers, de décès prématuré et plus généralement de diminution de l'espérance de vie. Ces problèmes sont provoqués par la surproduction d’insuline due à l’inactivité et par le flux sanguin léthargique vers les organes. Les artères non stimulées arrêtent de produire le monoxyde d'azote, un gaz anti-inflammatoire, qui empêche aussi les caillots de se former. De fil en aiguille, on arrive à une augmentation du risque de faire un AVC ou un infarctus du myocarde. En ce qui concerne le cancer, il existe un lien indéniable entre sédentarité, niveau de glucose et d'insuline dans le sang, et cancer du côlon - cancer du sein principalement.

Ainsi, passer plus de 8h par jour assis augmenterait les risques de crise cardiaque de 64% et diminuerait l’espérance de vie de 7 ans si aucun changement n’est apporté. Un autre problème plus subtil causé par la position assise prolongée est que les os deviennent moins denses. Ainsi, plus on passe de temps assis de manière ininterrompue au quotidien, plus la mortalité augmente. Mais pour le même temps passé assis, ceux qui se lèvent régulièrement ont une mortalité moindre.

Sédentarité et troubles musculosquelettiques (TMS)

Dans une société où la sédentarité est de plus en plus importante, un français passe en moyenne 7H24 assis ce qui a un impact direct, outre sur la santé de manière globale, sur les muscles, articulations, tendons et plus généralement sur la mobilité. 67% des français sous estiment les risques de la sédentarité pour la santé puisqu’ils ignorent l'impact de rester trop longtemps en position assise ou allongée. Pourtant, les impacts sont nombreux. Lorsque le poste de travail et l’organisation ne sont pas adaptés, le travail derrière un bureau peut entraîner l’apparition de TMS : lombalgies, tendinites, névralgies, syndrome du canal carpien, mais également fatigue oculaire. En résumé, mal au dos, au cou, aux épaules, aux bras, aux avant-bras, aux poignets etc. Les TMS générés par le travail sur ordinateur sont multiples et liés à une posture statique inadaptée pendant de longues heures, au stress et à la réalisation de tâches répétitives.

D’après le rapport annuel 2020 de l’Assurance Maladie sur la santé et la sécurité au travail, les TMS ont augmenté de 2,3% par rapport à 2018 (et de 60% depuis 2008 !) pour porter le taux de maladies professionnelles liées aux TMS à 88%. Les TMS représentent donc logiquement la première cause des arrêts de travail. Les répercussions sociales et économiques sont lourdes pour les entreprises en raison des coûts d’indemnisation et des coûts indirects engendrés : baisse de la productivité, absentéisme, difficultés de remplacement, recrutement etc. In fine, entre dépenses de santé, coûts indirects liés à l'invalidité ou à la mortalité, et pertes de production, la sédentarité coûterait 17 milliards d'euros à la France chaque année, selon le ministère des Sports.

 

En outre, le travail sur ordinateur génère de la fatigue visuelle qui se traduit par des yeux secs, des picotements, des éblouissements, une myopie temporaire, des maux de tête, etc. et d’autant plus lorsque l’écran n’est pas positionné à la hauteur adéquate : les mauvaises conditions d'éclairage (reflets sur les écrans, éblouissement direct etc.) et un poste peu ergonomique aggravent la fatigue visuelle. Il existe une corrélation immédiate entre mauvaise ergonomie et fatigue oculaire.

Les plus jeunes pas épargnés

Lors de l'entrée en primaire, les enfants deviennent brusquement sédentaires : ils passent 55 % de leur temps éveillé assis ou affalés. Un pourcentage qui atteint 75 % pendant l'adolescence. Parallèlement, leurs capacités physiques s'effondrent. "Or la capacité en endurance constitue le meilleur facteur de pronostic de mortalité précoce, de maladies cardio-vasculaires, de certains cancers, du diabète de type 2, d'obésité…", avertit Martine Duclos, présidente du conseil scientifique de l'Onaps. Pourtant, "plus la capacité cardio-respiratoire des élèves est élevée, plus leurs capacités cognitives sont bonnesCe qui encourage d'autant plus la promotion de l'activité physique et la lutte contre la sédentarité chez les jeunes." Idéalement, les enfants devraient passer moins de temps assis en classe ou devant les écrans, et avoir à leur disposition des swiss ball, des bureaux assis-debout etc.

 

 

Sources :

  • Prévenir les risques du travail sur écran, https://www.assurance-prevention.fr/prevenir-risque-travail-ecran.html ;
  • Étude de la Fédération Française de l’assurance publiée le 29 mai 2018 ;
  • Morris, J.N., Heady, J.A., Raffle, P.A.B., Roberts, C.G., and Parks, J.W., 1953. Coronary heart disease and physical activity of work. Lancet 265, 1111-1120. http://www.epi.umn.edu/cvdepi/study-synopsis/london-transport-workers-study/


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